Précisément, c’est le défi ou l’enjeu de la troisième discipline, celle de l’action ! Car il s’agit aussi d’agir, de décider, d’entrer en relation avec les autres, d’engager notre responsabilité. Le critère employé par les Stoïciens est que notre action doit avoir pour finalité le bien de la communauté humaine. Agir avec sérieux, comme ils le préconisent, c’est agir de tout son cœur et de toute son âme, ne pas se disperser dans une agitation fébrile, se donner des priorités au bénéfice du plus grand nombre. Bien entendu, le fait de développer ces actions « appropriées », pour reprendre leur expression, n’exclut pas l’incertitude ou l’anxiété quant aux résultats de ces actions. Comme le dit si bien Sénèque, nous ne pouvons jamais attendre pour agir que nous ayons la compréhension absolument certaine de toute la situation. Le résultat est incertain, mais nous nous décidons néanmoins à entreprendre les actions au sujet desquelles on peut fonder quelque espoir. Pour le Stoïcien, l’intention morale de faire le bien a une valeur qui transcende tous les résultats immédiats de ses actions. C’est ce qui permet de rester libre et prudent dans l’action. Se demander chaque jour quelle est l’action la plus appropriée à la situation que je vis, et qui pourrait profiter aux autres.
Ce que Marc Aurèle appelle le « retournement d’obstacle » est une pratique très efficace. Dans mon action, je vais rencontrer inévitablement un certain nombre d’obstacles. Pourquoi ne pas considérer ces obstacles comme des opportunités pour tester, conforter ou réorienter mon intention et mon action ? Je vais mettre l’énergie contenue dans l’obstacle à mon service, plutôt que de m’y confronter avec violence.